Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, se rend lundi 28 octobre à Madrid pour rattraper trois décennies d’absence et chercher à renforcer les liens au moment où, comme il le souligne « Nous avons besoin de plus d’Europe face au brexit »

« L’Espagne est un partenaire très important pour la France » souligne dans un entretien avec EFE le leader du Medef. Les chiffres le confirment : près de 2 600 entreprises françaises sont implantées en Espagne, employant quelque 350 000 personnes, et 8 d’entre elles figurent parmi les 100 premières en termes de chiffre d’affaires.

La grande distribution, avec Carrefour, Auchan, Décathlon et Leroy Merlin ; l’automobile avec Renault, Peugeot Citroën et Michelin et les télécommunications avec Orange sont les principaux grands groupes de la France, 1º client mondial et 4º investisseur en Espagne, derrière les Pays-Bas, le Luxembourg et le Royaume-Uni.

Malgré tout, en plus de 30 ans, aucun président du Medef n’avait effectué de voyage officiel en Espagne, et il n’existe pas de forum d’affaires bilatéral comme celui que la France a déjà avec le Royaume-Uni, l’Allemagne ou l’Italie.

Une lacune que ce voyage va commencer à  corriger ainsi que le projet de lancer un forum d’affaires entre les 2 pays dès 2020 ou 2021. « Nous allons rattraper le temps perdu » ajoute l’homme d’affaires de 57 ans.

Geoffroy Roux de Bézieux arrive à Madrid avec l’intention de s’attaquer à des problèmes communs, tels que la transition du secteur automobile vers la voiture électrique « qui va coûter beaucoup d’argent et risque de coûter des emplois » ou le changement de modèle de distribution face au pouvoir du commerce électronique.

Son programme jusqu’à mardi comprend des rencontres avec le ministre par intérim de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme, Reyes Maroto, et la ministre du Travail, des Migrations et de la Sécurité sociale, Magdalena Valerio ; avec des responsables syndicaux ainsi que son homologue espagnol, le président de la CEOE, Antonio Garamendi.

Le président du Medef préfère ne pas commenter l’impact de la situation en Catalogne, mais admet que « l’économie a besoin de stabilité, évidemment au niveau législatif et fiscal, mais aussi au niveau politique »

Au-delà de l’aspect purement économique, il veut insister auprès des autorités espagnoles sur l’importance de renforcer les liens entre les respectives patronales, compte tenu, en plein brexit, de la nécessité d’une Europe « plus souveraine, un peu moins innocente et mieux à même de défendre ses intérêts que par le passé »

Geoffroy Roux de Bézieux estime que « le principal pays victime du brexit, au moins à court terme sera le Royaume-Uni ». Là-bas, Il y a environ 3 000 entreprises françaises présentes et près de 30 000 entreprises françaises qui exportent. Selon une étude récente de la Direction générale Entreprises, 54% de ces dernières n’ont pas étudié les effets de leur départ de l’Union européenne.

« S’il y a un accord, nous continuerons à avoir des relations commerciales, différentes mais fructueuses. Sinon, nous tomberons sous le coup des règles de l’OMC. Vendre en Grande-Bretagne sera comme vendre au Brésil ou dans un pays lointain, beaucoup plus compliqué en termes de droits de douane et de réglementation »

Ce n’est pas la seule ombre qui plane sur l’économie française pour qui, selon l’Institut national de la statistique (Insee), une sortie sans accord coûterait 0,2 point de PIB dès l’année prochaine.

La situation actuelle en France a également été marquée par les manifestations des « gilets jaunes » ou par des grèves contre la réforme des retraites proposée par le président Emmanuel Macron.

« La seule bonne solution pour payer les pensions est de travailler plus longtemps. Les autres solutions consistant à réduire les pensions ou augmenter les cotisations ne sont pas acceptables, et c’est là qu’intervient le problème du coût de la main-d’œuvre » explique-t-il.

Le président du Medef préconise une doctrine qui abaisse les impôts des entreprises, ce qui leur permettrait à son avis d’augmenter leurs marges et donc d’embaucher.

Macron, selon lui « a mis en place une politique favorable aux entreprises et donc aux ménages » et il ne partage pas le rejet de son mandat illustré par les manifestations dans la rue : « Les grèves sont la pire réponse. Elles se font quand toutes les tentatives de discussion ont échoué »

Quelques jours avant d’entamer un voyage qui ouvre une nouvelle étape avec l’Espagne, le représentant de la patronale, père de 4 enfants, défend également que, malgré la crise habituelle du capitalisme, c’est « le seul système qui crée la prospérité et qui est partagé »

Traduction d’un article de Marta Garde de Inversionfinanzas.com

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